La finance est un «monstre»
18 05 2008Formulant les critiques les plus acerbes jamais exprimées par un responsable politique européen de premier plan depuis le début de la crise des subprimes, Horst Köhler, un ancien président du Fonds Monétaire International, appelle à la mise en place d’une règlementation plus sévère et à la refondation de la « culture bancaire de l’Europe continentale ».
M. Köhler pointe du doigt les rémunérations excessives, qui provoquent le ressentiment de l’opinion publique contre les des dirigeants d’entreprises, comme l’un des facteur de la crise des subprimes et accuse les banquiers d’agir de manière irresponsable.
« La complexité des produits financiers et la possibilité d’effectuer des opérations avec un effet de levier énorme et peu de capital propre a permis à ce monstre de se développer. » juge-t-il, tout en considérant que la responsabilité en incombe également aux « rémunérations extravagantes des gestionnaires de la finance ».
Les banquiers « ont fait d’énormes erreurs », déclare M. Köhler dans un entretien qui sera publié par le magazine Stern ce jeudi. Se référant à la crise des subprimes, il s’étonne du silence des banquiers. « Je suis toujours en attente d’un mea culpa de manière claire, audible. La seule chose positive à propos de cette crise, c’est qu’elle a rendu clair pour toute personne réfléchie et responsable dans ce domaine que les marchés financiers internationaux ont créé un monstre qui doit être remis à sa place. »
Les propos de M. Köhler ne sont pas sans rappeler les déclarations effectuées en 2005 par Franz Müntefering, alors Vice Chancelier Allemand, qui avait comparé les hedge funds à des « vols de criquets pèlerins » dont « les stratégies de maximisation des bénéfices inspirées par la concurrence internationale » posent « un danger pour notre démocratie ». Il y a trois ans, le vice-chancelier actuel de la République fédérale d’Allemagne, Franz Müntefering, a comparé les hedge funds et les sociétés de private equity à des sauterelles. Il se référait à l’histoire de Moïse dans l’Ancien Testament: Comme Pharaon ne voulait pas laisser partir les Hébreux, le Seigneur frappa l’Egypte de dix fléaux. Lors du huitième fléau, un vent d’est apporta les sauterelles: «Elles mangèrent toute l’herbe du pays et tous les fruits des arbres restés après la grêle. Il ne resta rien de vert sur les arbres et dans les prairies de tout le pays d’Egypte.» (Exode, chapitre 10).
Voici leur manière douteuse de faire des affaires: grâce à du capital qui leur a été prêté, ils achètent des entreprises prétendument en déconfiture et font figurer cette somme comme déficit dans le bilan de l’entreprise dont ils se sont emparés. Par des réductions de postes de travail et de salaires, l’entreprise est alors pressurée de sorte qu’elle génère non seulement le profit usuel, mais aussi permet de rembourser les dettes. Puis on remet le squelette à n’importe quel équarrisseur et l’Etat est prié de s’occuper des chômeurs. »