7/7 – Quatre crises au sommet

7 07 2008

Energie, finances, alimentation et climat : le G8 face à ses limites.

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Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, implore le G8 de se réveiller : «Ce que nous observons aujourd’hui n’est pas une catastrophe naturelle, un tsunami, un ouragan, mais une catastrophe engendrée par l’homme et qui doit être réglé par l’homme.»

 C’est que le ciel s’est passablement assombri depuis leur rencontre de l’an dernier, en Allemagne. Les dirigeants estimaient alors que l’économie mondiale était «en bonne santé». Un an plus tard, selon la Banque des règlements internationaux, nous voilà «dans la pire crise financière depuis la deuxième guerre mondiale»

Le sommet du G8 proprement dit se tiendra mardi avec, au menu, changement climatique, envolée des prix du pétrole et de l’alimentation, crise financière ou encore dossier nucléaire nord-coréen. C’est un G8 de crise - un G8 en crise -, dans un monde en crise. Voilà peut-être le grand paradoxe de ce sommet de Toyako. Jamais, le club de happy few des pays les plus industrialisés de la planète n’a abordé une réunion où les défis s’avèrent si lourds pour l’avenir. Et ce néo-Rotary club n’est sans doute pas parti pour apporter des réponses à la taille des enjeux. Faute de cash dû à des finances publiques exsangues, peut-être. Faute d’avoir empilé les agendas et les priorités, certainement. Faute de volonté politique commune, sûrement.

 

Alzheimer. Le G8 se retrouve confronté, en quasi-spectateur, à quatre crises planétaires : financière, énergétique, alimentaire et climatique (lire page 3). «Nous avons raté l’occasion de résoudre les deux premières à leurs débuts, dit Kofi Annan, ex-patron de l’ONU. Il faut relever le défi de la troisième et prendre la mesure immédiate de la quatrième.» Rêvons. «S’il y a une réponse à l’utilité du G8, c’est cette année», veut croire un des sherpas européens, qui négocie virgule après virgule les communiqués finaux.

Les biologistes ès mondialisation se penchent en vain sur l’ADN du G8, mais le G8 semble atteint de l’Alzheimer diplomatique : il a une fâcheuse tendance à oublier ses promesses. Comme porter son aide au développement à l’Afrique de 25 à 50 milliards de dollars d’ici à 2010. Ou encore assurer l’accès universel au traitement contre le sida. Les diplomates du G8 rament pour assurer le service avant-vente du millésime 2008. «Il y a une limite à ce que les gouvernements peuvent faire actuellement», assure un Japonais. «On s’est engagé de sommets en sommets dans une course à l’échalote, un concours de beauté dangereux», ajoute un Français. «On s’est laissé embarquer par les promesses. Il faut que l’on renoue avec la non-obligation du « délivrable »», dit un Britannique.

Il reste donc au G8 le ministère de la parole, qu’un Nicolas S., en VRP de l’Europe, ne manquera pas d’accaparer. Ce qui évitera de parler de la phobie du G8 : mettre des chiffres et des dates dans ses phrases. Evidemment, les ONG ne l’entendent pas ainsi. «Ce sont eux qui ont montré leurs gros muscles en nous disant, sur la santé, l’éducation, le développement : « On va vous montrer ce qu’on peut faire« , note un expert d’Oxfam. On les a pris aux mots.»

Tour d’Ivoire. Vieilli, fatigué, le G8 pourra chercher un brin de jouvence en s’élargissant. Ce qui aurait un double mérite : montrer au monde qu’on évolue sur la forme à défaut d’être offensif sur le fond. Et ressembler un peu plus au monde que le G8 contemple depuis ses successives tours d’ivoire de plus en plus isolées. Grand seigneur, il invite régulièrement à ses projections privées des grands pays émergents. Qui retournent à leur strapontin quand s’écrit le scénario des communiqués et se décide le budget de la production. L’Europe aimerait en faire des coauteurs à part entière. «Le G8+5 se rencontre régulièrement, mais cela ne représente qu’une faible partie du temps où le G8 est réuni», plaide Gordon Brown, appelant à la «réforme». «Ce n’est pas raisonnable de continuer a se réunir à huit pour régler les grandes questions du monde, en oubliant la Chine – un milliard 300 millions, d’habitants – en n’invitant pas l’Inde – un milliard d’habitants – en ayant aucun pays arabe, en ayant aucun pays africain et en ayant aucun pays de l’Amérique latine», résume Nicolas Sarkozy.

Sauf que. «Les pays non européens n’ont pas cette culture du compromis que nous avons», dit justement un diplomate européen. Le Japon craint l’ombre de la Chine et de l’Inde. La Russie vient d’arriver, et ne compte pas élargir le cercle. «Les Etats-Unis vivent toujours dans leur rêve passé d’omnipuissance», souffle un diplomate allemand. Résultat : «Ça prendra des années», dit-on à l’Elysée, avant que le Club des cinq - la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Mexique - ne rejoigne formellement le G8. Ou que d’autres s’y agrègent. Le G8, c’est un peu le Minitel de la diplomatie à l’ère du Web. La version 2.0, interactive, inclusive et participative n’est pas pour demain. Après une réunion l’an prochain en Sardaigne, puis à Huntsville au Canada, la France l’accueillera en 2011 - qui sait, peut-être aux îles Kerguelen. D’ici là, les grands de ce monde pourront méditer ce mot de Gandhi: «La différence entre ce que nous faisons et ce que nous sommes capables de faire suffirait à résoudre la plupart des problèmes dans le monde.»


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