Comme cette année j’ai choisi d’ouvrir le calendrier de l’Avent sur le thème du paganisme, je poursuis mon combat en m’attaquant, à priori seul, contre l’artillerie lourde publicitaire qui pilonne sans relâche le paysage médiatique pour vanter les mérites du nouveau film du réalisateur canadien James Cameron qui est devenu « immortel » vendredi à Hollywood en recevant son étoile sur le « boulevard de la gloire » dans le nord-ouest de Los Angeles, le jour même de la sortie aux Etats-Unis de sa super-production « Avatar ».
Le mot avatar provient de l’hindouisme plus précisément du sanskrit, un avatar (ou avatâr, « descente » en sanskrit) est l’incarnation d’une divinité sur terre. « Pour la sauvegarde du bien, déclare Krishna dans la Bhagavad-Gîtâ, pour la destruction du mal et pour le rétablissement de la loi éternelle, je m’incarne d’âge en âge. » (IV, 8). La notion d’avatar n’a été pleinement développée que dans la mythologie tardive, mais elle se trouve déjà contenue dans les Upanishad. Sous forme personnifiée, le principe ultime, qui a manifesté le monde, s’y incarne à nouveau : « L’ayant façonné, il y entra. » (Taittirîya Upanishad, II, 6).
L’avatar est aussi devenu récemment la représentation informatique d’un internaute, que ce soit sous forme 2D, (sur les forums et dans les logiciels de messagerie) ou sous forme 3D (dans les jeux vidéo. En principe, il désigne dans ce contexte l’apparence que prend un internaute (ou un groupe de joueurs ayant créé un personnage) dans un univers virtuel (jeux vidéo, modèles, logiciels de simulation, etc.)… L’avatar est choisi par l’utilisateur lui-même, ou par défaut par le système (il s’agit alors souvent d’une silhouette noire ou d’une autre sorte de représentation impersonnelle et anonyme montrant que l’usager n’a pas souhaité se « décrire »).
Le dernier film de Cameron est donc un savant mélange de modernisme, par ses effets spéciaux innovants et spectaculaires, mais c’est aussi un film mêlé de panthéisme dilué dans la trame de l’histoire. Toute une série de films à très gros budget, les Blockbuster (en anglais, littéralement « qui fait exploser le quartier »), tels que la série des « Matrix », « Harry Potter » ou le « Seigneur des anneaux », agissent désormais comme les vecteurs de diffusion d’une idéologie antéchrist dont le but inavoué est de préparer les esprits à l’inversion des valeurs chrétiennes. Mais seul un oeil exercé et avertit perçoit les nuances subtiles et cachées introduites comme un surlignage spirituel dans les scénarios de ces films. James Cameron est probablement totalement ignorant de toutes ces choses, mais la domination démoniaque qui règne sur Hollywood les inspire et dirige ces grands réalisateurs sans qu’ils ne s’en rendent compte, car la même chose existe en politique ou en économie sous d’autres formes. Voyons cela ensemble pour le film Avatar.
James Cameron est le premier réalisateur à proposer un environnement unique en 3D, le monde de Pandora. Un gigantesque organisme vivant qui devient vite le véritable héros d’«Avatar». Depuis 1998, il a guidé ses caméras dans les épaves du vrai Titanic et mené des expériences dans les sources hydrothermales des abysses. « Le résultat a été double, résume-t-il : tester des caméras 3D qui devaient rendre vivantes ces eaux sombres. Découvrir aussi un autre monde, des formes de vie embryonnaires. Je me suis servi de tout cela pour imaginer et filmer la planète Pandora, un paradis avec des filaments phosphorescents et un arbre des âmes. » Le tycoon de Hollywood serait-il panthéiste ? « Si j’étais religieux, je serais païen. Je partage avec les païens la vénération des arbres, de la vie et de ses cycles. Je plonge depuis que j’ai 20 ans et j’ai pu constater les dégâts causés par les hommes dans les océans. » Cette prise de conscience se retrouve dans le film Avatar sous forme de métaphore écologique illustrée par la lutte des peuplades indigènes contre les ravages de l’industrialisation à outrance, «Avatar» séduira par son discours les convertis aux combats écologiques, de plus en plus nombreux qu’il faut sauver « Gaïa » notre Mère nourricière et protectrice.
Dans le livre « Les pensées totalisantes « de Christian Godin publié en 1998 on peut lire ceci : l’écologisme contemporain… constitue le dernier avatar du panthéisme millénaire. Presque une prophétie, qui trouve son expression cinématographique dix ans plus tard dans le film de Cameron. Le fait que l’homme perde la foi en Christ, puis privé du Dieu véritable s’en vient à douter de lui-même, il est normal qu’il cherche des alternatives au vide qui se creuse dans son âme. Privé de conscience spirituelle, l’engagement écologique agit tel un exutoire à la foi en Christ, qui devient le nouveau combat de la foi en la vie dans un sens général, car en sauvant la planète je me sauve, ne suis-je pas partie intégrante de son tout ? Cette nature non perturbée confère à celle d’un corps unique qui couvre toute la terre la rendant de fait vivante et même consciente, ainsi la « Nature » pourrait avoir une âme de même nature que celle de l’homme qui pourtant lui est si hostile. Selon ce principe la recherche d’une communion spirituelle entre « vivants » de même nature devient possible, c’est là ce qui se définit dans le film Avatar de Cameron, si Christ ne peut ou ne veut vous sauver, Dame Nature le peut si vous vous identifier à elle. Voilà le nouveau credo écolo-panthéiste.
L’idée d’ « humaniser » la Terre n’est pas nouvelle, ce caractère anthropomorphe se retrouvait déjà chez les grecs avec la déesse chtonienne Gaïa. Ces mêmes grecs avaient aussi inventé le spectacle, comme forme artistique rendant hommage aux dieux. Le théâtre grec a pour origine le culte de Dionysos, dieu du vin et des arts. Des dithyrambes, des processions, des danses, des chants et des paroles chantées à la gloire des héros grecs, avaient lieu autour de son temple ou sur l’agora dans la région de Corinthe. Lentement, un lieu spécifique s’intègre au temple pour les représentations théâtrales. La tradition rapporte que Thespis, auteur du VIe siècle av. J.-C. qui se produisit près d’Icaria, révolutionna les dithyrambes : il introduit le premier acteur, le protagoniste. Pendant que le chœur chante ceux-ci, l’acteur, Thespis en l’occurrence, intercale des vers parlés. Le protagoniste joue tous les rôles. C’est la forme primitive du théâtre. Eschyle introduit le deutéragoniste( deuxième acteur) et Sophocle le tritagoniste (troisième acteur). Cette forme-ci connut un développement très rapide. En effet, dès 538 av. J.-C., Pisistrate organisa le premier concours athénien de tragédie. Aux temps du développement de la philosophie et de la démocratie, le théâtre devint sujet à des interrogations politiques. Mais on célébrait toujours Dionysos au temple. Le culte restait aussi toujours présent au théâtre. Non seulement le théâtre contait toujours des mythes et des fables et se déroulait toujours pendant les Dionysies et les Lénéennes, mais en plus, le théâtre était organisé de manière à instaurer un support pour la communication avec les dieux…
Le septième art avec ses moyens de diffusion planétaire, ne pouvait pas échapper à l’adversaire comme instrument de propagande religieuse et spirituel. Jamais comme aujourd’hui un vecteur de transmission d’image aussi puissant ne fut utilisé pour véhiculer une culture antéchrist. La pornographie, la mort, la magie, le vice sous toutes ses formes, l’athéisme ou le paganisme et maintenant le panthéisme, trouvent dans le septième art un souffle nouveau pour abuser les hommes et les amener à la perdition. Un arbre ou une source, puis le temple étaient les lieux qui liaient les hommes aux dieux, d’où le terme religion. Mais aujourd’hui où les églises se vident, les dieux vont aux hommes, jusque dans leurs demeures par la télévision où un flot continue d’images mêlant le divertissement et l’occulte se déversent dans les cœurs. Ainsi l’image par son contenu peut elle basculer du culturel au spirituel, voire au cultuel et devenir idolâtre.
Ainsi en est-il du film de James Cameron qui cultive l’ambiguïté. Métaphore de la lutte des peuplades indigènes contre les ravages de l’industrialisation à outrance, ou de l’action destructrice de l’homme sur la nature qui s’oppose à ceux qui s’en nourrissent, «Avatar» séduira par son discours les convertis aux combats écologiques. Vu par le prisme du seul combat écologique, le film par son retentissement exceptionnel peut servir une noble cause, celle de préserver la nature. Si le film s’était limité à cela, comme dans celui de Kevin Costner, « Danse avec les loups », je n’aurais rien à en redire, mais malheureusement ce n’est pas le cas. Les références religieuses sont par trop nombreuses pour être écartées.
La planète Pandora où se déroule l’action, est elle-même un acteur du film comme organisme vivant planétaire. De toutes les merveilles de Pandora, la plus étonnante est peut-être le réseau neural global de ce monde auquel sont connectées toutes les espèces végétales et animales de la planète. Semblable au système nerveux humain, ce réseau permet à tous les organismes vivants de Pandora de fonctionner comme un seul système harmonieux. Le centre de ce réseau, et le cœur et cerveau de la lune, est un vieux saule gigantesque et noueux qui est le sanctuaire des Na’vis, une extension de leur âme, et un lieu de régénération et de savoir. Cet « Arbre des Âmes » est situé au centre du plus puissant champ magnétique de Pandora, le Flux Vortex.
Tout d’abord le nom de la lune m’interpelle. Pandora est tiré de Pandore (en grec ancien Pandốra, « tous les dons »), qui est la première femme, « la Déesse de la terre qui préside à la fécondité ». Elle est le don de Zeus aux hommes pour les perdre. Cette entité vivante porteuse de tous les dons, amènera le héro principal Jake, qui arrive à la base militaire et scientifique de Hell’s Gate infirme, seul et méprisé, à vivre dans un nouveau corps son avatar et suivre un parcours initiatique avec la princesse guerrière Neytiri. James Cameron remarque que: « Pandora, c’est le jardin d’Eden avec des crocs et des griffes. » En effet du jardin d’Eden est tiré l’image de la pureté originelle par la quasi nudité des acteurs Na’vis et l’harmonie dans la nature, mais surtout la présence de l’Arbre de vie. Ainsi pour vivre sur cet « Eden » il faut en faire partie ou être exterminé par lui, la survie n’étant possible qu’en faisant un avec l’entité Pandora. Le meilleur terme pour expliquer la chose est d’utiliser le double sens du mot connaître dans la Bible, qui signifie à la fois découvrir et épouser.
Jake va donc s’initier à Pandora, puis l’épouser dans un ultime geste de renaissance où l’homme devient un être nouveau sous la forme d’un Na’vi. Nous avons ici une parodie des évangiles exprimée dans son parfait contraire. En effet, pour son salut l’homme n’a que Christ, qui fait de lui un homme nouveau par la nouvelle naissance dans le baptême, lui apportant la guérison et l’espérance de vivre dans un royaume qui n’est pas de ce monde. Nous sommes donc bien au-delà du cliché, mais bien dans la parodie.
La seconde chose qui m’interpelle dans ce film est le second personnage en importance, la princesse guerrière Neytiri. Tout, dans les caractéristiques de ce personnage me fait penser à la déesse Ishtar. Bleue, étoilée, belle, nue, guerrière, amoureuse, elle est elle-même l’avatar le cette déesse, qui prend Jake comme représentant d’un genre humain pervertit et amoindri, pour le faire sortir de Hell’s Gate (la porte de l’enfer) et entrer par la porte d’Ishtar (la porte de l’étoile représentée par Neytiri) dans le Paradis de Pandora. Les images d’Ishtar se retrouvent dans toutes les terres sémitiques : cornue en étant la sainte génisse d’Égypte; armée avec un arc et une flèche; portant la tiare sur sa tête; tenant le sceptre à double serpent; tenant ses mains sous ses seins; marchant avec un lion à ses côtés; les dragons mushrusshu à ses côtés; dans son chariot conduit par sept lions; tenant un taureau par les cornes; assise sur son trône de lion; debout sur le dos d’un grand oiseau; tenant les branches sacrées dans ses mains; brandissant l’épée ou le cimeterre. Les images d’Ishtar et de Neytiri chevauchant des animaux fantastiques et criblant de flèches tous ses ennemis sont pour le moins troublantes de ressemblances, trop à mon goût pour être fortuites. Elle est l’ange qui garde, initie et conduit Jake vers l’Arbre des âmes, ce qui n’est rien de moins que l’avatar du chérubin Satan qui mena l’homme en Eden vers l’arbre de la « connaissance ». Comme dans les écritures prophétiques bibliques, un subtil langage spirituel transparaît entre les lignes du scénario d’Avatar. Pour ma part James Cameron n’est pour rien dans tout cela, la chose est trop subtil et s’adresse à un publique très ciblé et éclairé d’une lumière différente que celle qui éclaire les hommes. Les Na’vis appellent les hommes « ceux qui viennent du ciel », voilà ceux qui sont visés et diabolisés dans le film, les ennemis à combattre et exterminer par Neytiri / Ishtar. Le message est simple, soit tu me rejoints dans mon monde et je ferai de toi un homme nouveau, soit je te détruirai. Pour ce qui me concerne le combat a déjà commencé Lilith et par le Verbe nous vivons et par le verbe nous vaincrons.
1 Pierre 5:8 Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera.