Maintenant que la bête à un visage, elle peut enfin donner de la voix et on n’est pas déçu.
Le saviez-vous? L’Église a été, depuis la chute de l’Empire romain, la protectrice des arts, des lettres et des sciences. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Herman Van Rompuy le président du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement. Dans un discours prononcé le 25 janvier à Paris, lors d’un colloque organisé par l’Alliance française sur le thème de la diversité culturelle, l’ancien Premier ministre belge démocrate-chrétien affirme que l’on « oublie souvent que la Renaissance, la science et la philosophie modernes sont nées dans un cadre chrétien. À part quelques exceptions, dont Galilée, avec le consentement de l’Église (Catholique) ».
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Il faut un sacré culot pour affirmer que l’Église (catholique) ne s’est pas opposée à la modernité alors que c’est l’exact contraire qui est vrai. Pour les humanistes, le Moyen Âge est un âge de barbarie, de léthargie et de décadence. L’Église y a exercé une autorité excessive qui a entraîné la dégénérescence de tous les arts. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que les humanistes aient créé l’expression » âge des ténèbres » pour identifier le Moyen Âge. Le simple fait de parler de Renaissance sous-entend que l’époque qui précéda fut morte, ce qui était bien le cas pendant les 1000 ans de dictature papale.
Le peintre et architecte italien Vasari (1511-1574) est le premier à utiliser le terme Rinascita » réveil » pour parler de la période qui succède au Moyen Âge. Mais ce » réveil » est une re-naissance et un re-commencement. Le mot » Renaissance » évoque l’idée d’un cycle temporel palingénésique, c’est-à-dire l’idée d’une évolution cyclique où se succèdent des périodes de dégénérescence et de régénération. Le terme ne renvoie donc pas à l’idée de progrès au sens moderne du terme, mais à une période de redécouverte, de restitution du passé, de retour aux sources archaïques d’un monde, d’une civilisation. Dans les faits, pour les Renaissants, il s’agit d’un retour à l’Antiquité gréco-romaine, d’un retour vers une culture (politique, juridique, éthique, etc.) qui fit la gloire de la civilisation occidentale.
Érasme (1469-1536), celui que l’on appelait » le prince de l’humanisme « , définira dans une formule très simple toute la perspective humaniste : » l’homme ne naît pas homme, il le devient « . Pour eux, l’homme doit développer sa puissance créatrice, sa liberté de penser et d’agir et son individualité. Mais cette affirmation de l’homme passe aussi par une valorisation de la responsabilité civique, du travail, de la famille et de l’usage raisonnable des biens terrestres. Pour les humanistes, ce sont là les conditions qui donnent à l’homme toute sa dignité; ce sont là aussi les moyens de rendre gloire à Dieu.
Dans l’histoire de l’Occident, la Renaissance est tout d’abord considérée comme un mouvement culturel et artistique auquel on associe la Piéta de Michel-Ange ou le génie multiforme de Léonard de Vinci. Mais cette période se présente aussi comme une remise en question radicale du Moyen Âge. Par plus d’un côté, la Renaissance est, en quelque sorte, l’acte de naissance de notre monde moderne et de nombreux événements (les voyages d’exploration et de conquêtes de Christophe Colomb, de Cortès et de Pizzaro ; le développement des échanges commerciaux et la naissance du capitalisme, etc.) et de nombreuses figures intellectuelles et religieuses surtout comme Luther, qui annoncent également la renaissance spirituelle de l’Europe.
A la fin du Moyen Age, une volonté de réformer l’Église resurgit, ses partisans la trouvant éloignée de l’esprit évangélique des débuts. Certains de ces mouvements réformateurs restent dans une structure ecclésiastique, d’autres n’hésitent à se mettre en rupture avec l’Église. Les réformés souhaitent se rapprocher de l’esprit biblique antique. Ce mouvement dérive de l’humanisme qui s’exprime au XVIème siècle et qui se caractérise par un retour aux écrits anciens. Ce mouvement appelé la Réforme a surtout trouvé écho en Europe du Nord. Ce ressourcement religieux donne naissance au protestantisme qui est la forme religieuse de la Renaissance. Réécrire l’histoire comme le fait Herman Van Rompuy le président du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement, dans le mensonge et la propagande pro-catholique donne le ton sur la manière dont le président du Conseil européen compte gouverner le continent.
Il souligne également l’unité de l’Europe comme corps de l’Eglise. « Les deux premiers moment d’unification européenne ont été, d’abord, la Chrétienté latine du Moyen-Age, puis la République des Lettres du 18e siècle« , a-t-il affirmé. « Du 12e au 15e siècle, la chrétienté latine était unie religieusement et donc culturellement. Partout en Europe, la foi chrétienne structurait la vie quotidienne. Pensez aux prêtres qui célébraient la même liturgie dans la même langue (…). Partout, les gens de culture utilisaient le Latin et disposaient des mêmes références intellectuelles. (…) Partout, les écoles et les universités avaient le même programme. Partout, dans les arts plastiques, la tapisserie et la peinture, l’inspiration venait des mêmes modèles« , a-t-il détaillé. La Renaissance, suivie du Siècle des Lumières constitue le deuxième mouvement d’unification européenne, selon M. Van Rompuy. Mais ici aussi, le président du Conseil européen insiste sur l’aspect chrétien de l’héritage.
Le premier moment d’unification fut surtout le fait de Charlemagne qui étend son royaume. Sa politique d’expansion rejoint le désir de la papauté romaine d’assoir la christianisation de l’Europe et la prépondérance de l’évêque de Rome par rapport aux patriarches coptes et orthodoxes. Le jour de Noël de l’an 800, Charlemagne est couronné empereur des Romains par le pape Léon III, à Rome, en la basilique Saint-Pierre. Cette union entre pouvoir temporel et religieux vise à réunir l’Europe sous un empire chrétien qui rappelle l’unité de l’Empire Romain. De son vivant, Charlemagne se fait appeler Pater Europae (« père de l’Europe »), et parfois Europa vel regnum Caroli (l’Europe, ou le royaume de Charles). L’Europe de Charlemagne est d’abord franco-germanique et chrétienne, mais le rôle de Rome y est essentiellement religieux, la capitale de ce nouvel empire devenant Aix-la-Chapelle. L’Empire romain y est une source d’inspiration forte, et la langue latine y est privilégiée. Charlemagne tente une réunification avec l’empire byzantin vers l’an 800 mais il échoue, et, au cours des siècles, les relations avec Constantinople se détériorent jusqu’au schisme religieux. L’empire d’Occident se désagrège rapidement après la mort de Charlemagne. En 962, Otton Ier crée le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci ne peut s’étendre, contrecarré par la permanence de royaumes anciennement constitués, la France et l’Angleterre surtout, par ses luttes avec la papauté, puis par le développement de l’empire ottoman lors de l’époque moderne. La montée en puissance des musulmans, puis le schisme de 1054 entre le catholicisme et l’orthodoxie – suivi d’une croisade dirigée en 1202 à son encontre – affaiblissent l’empire d’Orient. Il est dépecé morceau par morceau par l’empire ottoman avant de disparaître lors de la chute de Constantinople en 1453. C’est le terme de Chrétienté qui, durant quelques siècles, unit culturellement la plupart des Monarchies Européennes Catholiques (Avec par exemple les croisades) alors que le mot Europe disparaît des propos et des esprits. Comme on le voit le catholicisme fut loin d’être le ciment qui unifia l’Europe au Moyen-Age et encore moins au 18e siècle.
Pie VI fait savoir le 22 juillet 1790 au roi de France Louis XVI qu’il s’oppose au projet de constitution civile du clergé. Il excommunie la Nation Française. Il poursuit en condamnant les principes de la révolution française en mars 1791, refusant la possibilité d’une liberté considérée indépendamment du Dieu créateur. Les droits de l’Homme sont également condamnés mais en tant qu’ils accordent à l’homme des droits indépendamment de Dieu. Le pape demande la rétractation de tous ceux qui ont juré : c’est le schisme avec l’Etat. De la révolution, l’Église a perdu tout pouvoir et toute possession temporelle, la voie de la séparation de l’Église et de l’état est ouverte, les conflits entre les révolutionnaires et l’Eglise catholique iront crescendo jusqu’en 1848.
En 1832, dans son encyclique Mirari vos, le pape Grégoire XVI condamne l’exercice de la liberté de conscience. Il condamne spécifiquement la liberté de la presse, la liberté d’association, la liberté d’enseignement, la souveraineté du peuple et le suffrage universel.
Les révolutionnaires cherchent à convaincre les hommes que la religion est une folie, une erreur, qui se base sur l’ignorance et sur la superstition. La vague révolutionnaire alla jusqu’à chasser le pape de la ville éternelle, siège séculaire du vicaire de Rome. Le 24 novembre 1848, portant le « Saint Sacrement » sur son cœur, Pie IX fuyait de Rome pour sauver sa vie dans l’exil et ne pas priver l’église de son chef. A Rome la révolution chantait victoire : on proclama la république, le gouvernement fut confié à un triumvirat. “Le peuple est l’unique maître”, hurlait la foule devenue féroce. Il reviendra 1 an plus tard animé d’une haine tenace contre les idées révolutionnaires. Le pontificat le plus long reste cependant celui de l’Italien Pie IX, nommé en 1846, mort en 1878. Pie IX est celui qui organisa la réunion du premier concile de Vatican en 1869 et qui définit solennellement un dogme, par ailleurs reconnu depuis les origines de l’Église, celui de la primauté et de l’infaillibilité pontificale. Il est aussi l’auteur en 1864 de la fameuse encyclique Syllabus, dénonçant toutes les erreurs nouvelles : « rationalisme, naturalisme, gallicanisme, utilitarisme, étatisme, socialisme et communisme », bref la modernité, la justice sociale et la liberté démocratique.
Un chose est certaine, avec des catholiques au pouvoir, les libertés, la culture, le droit, les acquis sociaux, etc… vont tendre à ce qu’ils étaient au Moyen-âge, un âge des ténèbres.