La nouvelle génération politique 1

12 10 2010

Aujourd’hui l’Europe c’est une unité économique et monétaire, mais politiquement elle en est à ses balbutiements. Le diable tente bien de forcer la nature en utilisant le forceps pour faire accoucher sa Bête immonde prématurément. Passage en force quasi général dans tous les pays européens pour imposer le traité de Lisbonne que personne ne voulait, puis élection du président Van Rompuy dans la plus totale opacité. Mais force est de constater que les résistances populaires sont encore grandes contre l’administration européenne. Il va falloir aller bien au-delà de la politique pour fédérer en une âme unique et antéchrist l’Union européenne. Comme pour les Etats-Unis, qui ont servi de tube à essai dans ce domaine, avec le born again Bush et ses croisades contre le terrorisme islamique, l’Europe doucement se trouve le même ennemi à combattre, mais sur son sol. Après le brouillon américain, Lilith va pouvoir enfin parachever son œuvre.

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Si l’on cite et récite une prédiction qu’André Malraux n’a jamais écrite – «Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas» – une autre de ses citations semble moins connue: «C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles.» Dès 1956, à l’orée de la décolonisation, le grand visionnaire avait ainsi balayé l’horizon, ajoutant que «les formes variées de dictature musulmane vont s’établir successivement à travers le monde arabe», que «l’Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce phénomène» et que «le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème».

Cette prescience politique pourrait nous inviter à considérer avec un peu d’inquiétude une autre de ses formules, énoncée lors de la campagne présidentielle de 1974: «Politiquement, l’unité de l’Europe est une utopie. Il faudrait un ennemi commun pour l’unité politique de l’Europe, mais le seul ennemi commun qui pourrait exister serait l’islam.» L’actualité européenne de ces derniers mois donne en effet l’impression que dans la plupart des pays membres l’islam est devenu sinon un ennemi, du moins un problème commun en Europe. D’un seul coup, cet espace de tolérance ne supporte plus ce qu’il acceptait il y a encore peu.

Si le grand chanoine de France c’est comme d’habitude lamentablement planté avec sa politique contre les Roms, c’est surtout qu’ils sont jugés comme des européens et chrétiens de surcroit, comme le lui a aimablement rappelé le pape à Rome. Mais curieusement le silence assourdissant du Vatican sur la montée de l’extrême droite en Europe en dit long sur l’esprit qui l’anime.

Il n’y a rien de neuf sous le soleil, Vienne se teinte à nouveau de brun. Dans la capitale autrichienne, avec 27 % des voix, l’extrême droite a retrouvé, dimanche 10 octobre, à l’occasion d’élections provinciales, le niveau auquel l’avait hissée feu Jörg Haider en 1996 (27,9 %). A la fois berceau et place forte électorale, depuis 1919, de la social-démocratie centre-européenne (à l’exclusion de la période austro-fasciste et nazie entre 1933 et 1945), Vienne est aujourd’hui un nouveau jalon dans la progression de l’extrême droite dans une bonne partie de l’Europe.

Après l’entrée des populistes au Parlement suédois, le 19 septembre, la poussée de l’extrémisme enveloppe désormais une large frange d’Etats, des Pays-Bas à la Hongrie en passant par le Danemark, la Norvège et l’Autriche. L’extrême droite n’est pas la même partout. Son discours se distingue parce qu’il emprunte à la tradition politique de chacun de ces pays, par l’histoire des partis qui la structurent : les uns, comme aux Pays-Bas, conservent de leur origine libérale une ouverture sur les sujets « de société » ; les autres, comme au Danemark, sont marqués par leur origine conservatrice.

Mais il est un thème, nouveau, qui fédère la plupart des partis qui la représentent : le rejet de l’islam. La campagne viennoise en a témoigné. Le chef du Parti de la liberté FPÖ, Heinz-Christian Strache, n’a cessé de stigmatiser les immigrés de cette confession. « Sécurité pour les femmes libres ! », proclamaient ses affiches, ce qui excluait à ses yeux celles qui portent le voile.

C’est Geert Wilders, aux Pays-Bas, qui, le premier, a placé le rejet de l’islam au centre du programme de l’extrême droite européenne. Le référendum suisse sur l’interdiction des minarets, en novembre 2009, avait été salué par les formations populistes. Le Vlaams Belang, en Flandres, et le Parti du peuple danois (DF) avaient demandé de telles consultations chez eux. Fin octobre, à Amsterdam, alors que M. Wilders comparaît devant la justice pour incitation à la haine et discrimination contre les musulmans pour son film Fitna, des organisations européennes lanceront une ligue anti-islam.

Lorsque les mouvements d’extrême droite électoralement forts étaient l’exception en Europe, les pressions qui s’exerçaient sur les partis de droite étaient puissantes. Assez, en France, dans les années 1990, pour dissuader leurs directions nationales (mais non pas certains élus locaux) de faire alliance avec le Front national. Assez, en Europe, en 2000, pour que la réprobation accompagne l’alliance entre les chrétiens-démocrates autrichiens et Jörg Haider.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Au Danemark, le gouvernement libéral-conservateur serait privé de majorité sans le soutien du Parti du peuple danois. La Ligue du nord gouverne avec Silvio Berlusconi. Aux Pays-Bas, les libéraux et les chrétiens-démocrates passent un contrat de majorité avec Geert Wilders sans susciter de réactions. A dix-huit mois des élections présidentielles et législatives françaises, ce sont autant de bonnes nouvelles pour le Front National. Car le « dernier tabou de l’UMP » pourrait bien tomber. Celui de se rapprocher formellement du Front national en rompant « la digue que Jacques Chirac avait érigé entre le RPR et le FN », en nouant des accords locaux ou, même, en nommant la « fréquentable » Marine Le Pen au gouvernement.

La question ne se pose pas dans l’immédiat, certes. Mais les propos d’un conseiller de l’Elysée tenus dans Le Parisien du 30 septembre qui accorde sa Une au « nouveau visage du Front national », Marine Le Pen, montrent que cela pourrait bien n’être qu’une question de temps. « Je suis convaincu qu’elle sera un jour dans un gouvernement de droite, mais dans longtemps, dans dix ans. Elle n’est pas pire que la CSU bavaroise allemande et plus modérée que la Ligue du Nord italienne », explique ce conseiller anonyme.

Car la fille du leader de l’extrême droite française a réussi à lisser l’image du Front, selon Le Parisien. Avec elle, le FN devient un parti comme les autres. Un ministre souhaitant conserver l’anonymat déclare ainsi dans le quotidien que son « habileté » donne « l’impression qu’elle est moins raciste et moins vulgaire, ce qui manifestement la rend plus respectable ». Ainsi cette Europe soit disant chrétienne et qui a su accepter en son sein des dirigeants comme Sarkozy et Berlusconi, est aujourd’hui mûr pour passer à la génération suivante….


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